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  • Photo du rédacteurDaniel ZARCA

La pilule augmente-t-elle VRAIMENT le risque de cancer du sein ?


Le lien entre prise de pilule contraceptive et accroissement du risque de Cancer du Sein est tenu pour probable depuis une dizaine d'années.

Pour autant, faut-il changer de méthode de contraception et se passer de la pilule ? Et suivre une tendance récente d'abandon de la contraception hormonale pour d'autres formes de contraceptions ou pour l'abstinence sexuelle.

Une publication récente, publiée dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine (NEJM) vient prolonger un débat non dépourvu d'arrières-pensées.

Tout d'abord, l'article du NEJM

Il s'agit d'une étude de cohorte bien réalisée par une équipe Danoise. La publication s'est intéressée au devenir de près de 2 millions de femmes suivies au Danemark (réparties en 2 groupes : utilisatrices et non utilisatrices de contraception orale) pendant une durée moyenne de plus de 10ans.

Les études de cohortes sont souvent difficile à interpréter en raison de l'existence nombreux biais statistiques (biais de sélection). Par exemple, si l'on s'intéresse au rôle de l'alcool dans le développement des cancers, il ne faut pas négliger les consommations annexes (comme le tabac) qui sont souvent associées à la prise d'alcool.

Pour autant, cette nouvelle étude sur le sujet semble exempte de biais majeurs et conforte ce que nous présentions déjà : il y a bien augmentation du risque de cancer du sein liée à la prise d'une contraception hormonale. Sans entrer dans les détails, on doit retenir 4 éléments:

- L'augmentation du risque est proportionnelle à la durée d'exposition (temps pendant lequel la pilule a été utilisée. Le risque est faible à la première année pour culminer après 10 ans de prise.

- Ce sur-risque diminue progressivement après l'arrêt du traitement puis s'efface complètement en quelques années.

- L'augmentation du risque affecte une population jeune (celle des utilisatrices de contraception) à faible risque de cancer du sein.

- Lorsqu'on effectue le bilan chiffré : chaque année la contraception orale est responsable d'1 cas supplémentaire de cancer du sein pour 7690 femmes traitées.

Alors, faut-il arrêter la pilule ?

Si le seul sujet d'inquiétude est le cancer du sein, la réponse est oui. Mais si l'on étend la réflexion sur l'ensemble des cancers, c'est beaucoup moins net.

Outre le cancer du sein, la pilule augmente peut-être le risque de cancer du col utérin (très controversé), le risque de cancer primitif du foie (très rare), mais diminue le risque de cancer de l'ovaire, de l'utérus et du colon.

Au total, il est impossible d'effectuer un bilan qui tiendrait compte des cancers évités et des cancers induits. Probablement, ce bilan est-il à l'équilibre ou assez proche.

Étendons la réflexion au-delà du cancer : le vrai danger qui guette les utilisatrices de contraception est ailleurs. Il est vasculaire avec le risque d'accidents très graves qui peuvent laisser des jeunes femmes handicapées à vie. La prise de tabac (revoilà le tabac), l'hypertension artérielle, certaines affections familiales font planer ce danger.

Regardons alors de l'autre côté du miroir : Ne pas offrir à des jeunes femmes une contraception efficace revient à les exposer aux drames des grossesses non désirées et aux accidents gravissimes qui y sont liés. En dehors de tout militantisme (qui aurait dû déserter ce débat, mais qui aujourd'hui l'investit plus qu'hier) la pilule sauve donc des vies, évite un lot de drames, permet de vivre une jeune sexualité dégagée de la procréation.

À grande échelle, aucune autre contraception ne peut prendre cette place.

Pour conclure

La pilule contraceptive n'est pas à distribuer, en vente libre, dans les Monoprix (les plus anciens comprendront).

Sa prescription est un acte médical qui doit être réfléchi et partagé entre le médecin et sa patiente. Comme toutes les prescriptions médicales, celle-ci comporte son lot de risques induits et de bénéfices apportés.

Focaliser le débat sur le seul risque de cancer du sein n'est pas faire preuve d'honnêteté. Évacuer débat n'est pas faire oeuvre utile. Aux femmes de décider. Pour décider : être informées.

Pour poursuivre la réflexion :

Sur le site de l'HAS : Conseils aux médecins et aux utilisatrices de contraception orale

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